Manifeste pour un urbanisme circulaire [Lectures]

Pour des alternatives concrètes à l’étalement de la ville

Sylvain Grisot, Editions Apogée

Première de couverture du Manifeste de Sylvain Grisot

Chaque année, en France, nous consommons 30 000 hectares. Est-ce vraiment nécessaire à l’heure du changement climatique ? La loi Climat et Résilience du 22 août 2022 portant lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets introduit un nouveau terme « le ZAN » c’est-à-dire le Zéro Artificialisation Net à mettre en place dès 2031 pour arriver en 2050 à Zéro Artificialisation. Les maires bâtisseurs y voient une contrainte. Car comment rendre désirable leurs territoires s’ils ne peuvent plus bâtir ? Comment le rendre attractif ?

Des solutions existent et Sylvain Grisot, à travers son manifeste pour l’urbanisme circulaire nous le démontre.  En effet, arrêtons de bâtir et d’étaler la ville, qui a pour seul mérite de la rendre laide (cf. Télérama, Halte à la France moche ! 2011) remettons là au centre des débats et rendons la désirable en l’embellissant et en la préservant.

« La voiture a façonné la ville en faisant muter l’espace public pour répondre à ses besoins » ainsi la ville s’est transformée, étalée rendant les temps de transports plus longs mais puisque la voiture peut nous mener d’un point A à un point B pourquoi ne pas continuer ? Car ce système de mobilité n’est plus soutenable, à l’heure du COVID, de la Guerre en Ukraine, de l’inflation des prix et de la hausse du carburant. De plus, la mobilité quotidienne c’est 14 % des émissions nationales de GES (Gaz à effet de Serre). La ville éparse revient donc plus cher à bâtir que la ville dense.

L’urbanisme circulaire formulé par Sylvain Grisot permet de réinventer notre façon de faire la ville en transformant l’existant, en recyclant les usages et en intensifiant les usages. Il s’agit de faire Transition. La ville se veut flexible, capable de s’adapter, de se transformer et se reconstruire sur elle-même, « en exploitant mieux les potentiels de la ville existante, en favorisant la mixité des usages, en transformant l’existant, en densifiant le tissu urbain et en transformant ses bâtiments ».

Pour citer quelques exemples :

  • Donner de nouveaux usages aux friches urbaines, aux délaissés (végétalisation, espaces verts, réversibilité des lieux dans l’attente d’un projet…),
  • Le BIMBY qui est une vraie alternative à l’étalement urbain en mobilisant un foncier déjà urbanisé.
  • Végétaliser la ville partout, faire le lien entre la densité bâtie et la densité de nature., l’un n’allant pas sans l’autre. Arrêtons de minéraliser et de bétonner la ville, laissons-la respirer !
  • Rénover la ville en évitant la destruction : rénover le parc de logements qui se trouve aujourd’hui en précarité énergétique devrait être une priorité nationale et non pas seulement dans le parc privé mais aussi dans le parc social, impulsons une nouvelle dynamique !
  • Se saisir de l’opportunité des espaces vacants pour les investir de façon temporaire et transitoire.
  • Se saisir du devenir des espaces commerciaux dont l’obsolescence est programmée.

Il y a tellement d’alternatives à a ville étalée qu’il est nécessaire que les urbanistes qui sont au plus proche des élus prêchent la bonne parole. Il faut les sensibiliser aux enjeux d’aujourd’hui : adaptation au changement climatique, protection de la ressource en eau et des terres agricoles, énergies renouvelables, préservation de la biodiversité…

La ville d’aujourd’hui doit être la ville de la proximité ou l’on doit pouvoir mélanger les usages (marche, transport en commun, modes doux).

La ville de 2050 doit être pensée dès aujourd’hui. La transition doit avoir lieu au plus vite et le rôle des élus est essentiel dans cette démarche. Mais il est nécessaire de les former aux différents enjeux  et il est aussi utile de sortir des carcans administratifs de l’urbanisme qui impose des règles obsolètes au regard de la densification de la ville. Etant urbaniste de formation, il me semble judicieux de revoir les règles des Plans Locaux d’Urbanisme afin de pouvoir jouer avec les formes urbaines, les architectures, les typologies de logements, la renaturation. Notre profession doit se réinventer  et « développer un modèle alternatif d’urbanisme basé sur la circularité et la durabilité » comme le démontre si bien Sylvain Grisot à travers son ouvrage.

Par Ingrid Hiller – Blog Éthique Sphère

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